Tout commence par trois coups de feu. Le député à l’assemblée, Gueorgi Dimitrievitch, vient d’essayer de tuer sa femme, Ékaterina Ivanovna. Il la croit infidèle… Le meurtre est évité, mais au fond d’elle, quelque chose est mort. C’est ainsi que l’auteur russe Leonid Andréïev fait commencer cette pièce de 1912 qu’il qualifiait de « nouveau drame pour un nouveau théâtre ». Le ton est donné. Rien n’est stable ou normal sous le vernis. Et rien ne sera plus comme avant pour cette femme dont on suit d’acte en acte le surprenant destin.
Cherchant avec ses acteurs la justesse des situations, le metteur en scène David Gauchard nous entraîne dans un monde troué de toute part, tantôt d’excès de trivialité, tantôt de surgissements de la poésie. Écrite par un contemporain de Tchekhov doté d’une conscience prémonitoire des avatars du siècle dernier, l’œuvre s’avère troublante. C’est tant par sa modernité que par l’étonnante progression du récit qu’elle nous va droit au cœur.