De la sciure, du terreau, des clous rouillés et des brins de persil en guise d’arbres. Les paysages du front de l’Ouest prennent forment… Un vaporisateur fait pleuvoir, tandis qu’un brûleur à gaz provoque des bombardements. Le gaz moutarde qui s’échappe n’est rien d’autre que le grattement d’une allumette. Un agréable paysage champêtre se change alors en une plaie béante de boue. La descente dans l’enfer de Grande guerre commence, elle est filmée par les acteurs, bruitée et projetée en direct sur écran géant.
Derrière ce dispositif impressionnant, le collectif néerlandais Hotel Modern s’emploie à nous faire vivre les témoignages de soldats envoyés dans les tranchées pendant la Première guerre mondiale. Dans ce monde miniature, l’humain apparaît le jouet de puissances qui se soucient peu de son existence, le texte renforçant le réalisme cru des images et rendant cette Grande Guerre aussi émouvante que cauchemardesque. Avec ce théâtre d’objets et d’ombres saisissant de réalisme, l’Espace Malraux propose une vision singulière de cette guerre dont on commémore le centenaire, et qui a fauché des millions d’Européens.