De sa correspondance avec son ami le navigateur Thomas Coville, l’acteur Jacques Gamblin fait un spectacle. L’un sur scène, l’autre parti (rien que ça) tenter de battre le record du tour du monde à la voile en solitaire, s’écrivent de ce qui les rassemble, de cette intensité émotionnelle quand le rideau se lève, quand le coup de canon est donné, soudain seuls face aux autres, face à soi-même. Deux gourmands de la vie qui se créent à distance une profonde intimité, qui se donnent des mots pour affronter leurs drames. Ça parle d’amitié, d’échec, de vanité, de défi, de glisse, de mental, de coups de blues et de bol. Et quand le vent souffle entre ces deux-là, il souffle fort.
note d'intention
Seul sur son bateau, Un trimaran de plus de 30 mètres, un homme, un grand marin, tente le record du tour du monde à la voile en solitaire. Un autre homme lui écrit par mail chaque jour pour le soutenir, l’accompagner et l’encourager. Voyage physique, géographique et mental. Journal d’écriture, car c’est au quotidien que s’écrit cette histoire d’amitié qu’on n’ose appeler d’amour. Un homme à terre écrit à un homme en mer, un point jaune se déplaçant sur la carte du monde. Il tente chaque jour de trouver les mots, les bons mots sans savoir s’il est simplement reçu de l’autre côté de l’océan, s’il est entendu et compris. Correspondance aveugle et peu commune, sensible, intime, secrète et empathique… Missives qui se perdent peut être, ou pas, dans les ondes satellitaires et galactiques. Alpha tango me reçois-tu ? J’espère ! Et si tu me reçois, comment me reçois-tu ? Qu’est-ce que cela te fait ? Du bien, du mal ? Si tu ne me reçois pas, je continue. L’un parcourt la France, d’un plateau à l’autre, en solo, il joue ses propres textes, c’est son travail. L’autre soliste joue contre le temps autour de la planète. Il travaille la mer au corps à corps, sa survie en bandoulière. Des hommes de courage, de doute, de passion, de quête et de conquêtes. Que dire à un homme en mer qui se bat contre les dépressions, les anticyclones et les secondes ? Que dire chaque jour à un homme qui fait de cette victoire sa raison de vivre ? Que dire en silence, en absence ? Quelle place prendre sur ce bateau ? Que dire de soi, que dire de lui, que lui dire à lui ? Que se dit-on à soi en disant à l’autre ? Répondra t-il ? Jacques Gamblin Paris, avril 2016